Votre Ki s’Etend à l’Infini

Les quatre principes de base de 
Koichi Tohei Sensei

Restez Centré sur votre Point Unique
Détendez-vous Complètement
Maintenez votre Poids par Dessous
Votre Ki s’Etend à l’Infini

Onegaishimasu. Bonsoir à tous. 

Etudiants : Bonsoir, Sensei.

Ce soir le sujet de notre discussion est « Votre Ki s’Etend à l’Infini ». L’Extension du Ki est le quatrième des Quatre Principes de Base de Koichi Tohei Sensei. Tohei Sensei nous a toujours enseigné que « ces quatre principes sont quatre façons de voir la même chose. Si vous manquez à un de ces principes, vous manquez aux quatre. Si vous appliquer un de ces principes, vous les appliquez tous ». En d’autres termes, lorsque nous faisons l’expérience de l’un de ces quatre principes, nous faisons l’expérience de l’unification du corps et de l’esprit. Il s’agit simplement de quatre façons différentes d’exprimer l’accès à cet état unifié de l’esprit et du corps.

Voici les cinq principes de l’Extension du Ki de Tohei Sensei :

1. Une posture dans laquelle vous n’êtes pas perturbé par votre corps.
2. Une posture dans laquelle la force centrifuge agit.
3. Une posture avec des yeux miséricordieux et un visage aimable.
4. Une posture qui est calme.
5. Une posture dans laquelle vous êtes positif et acceptez toutes choses.

Une fois de plus, nous avons fait l’effort de reprendre la version originale en Japonais et de la regarder attentivement. Vous pouvez trouver pour le cinquième principe, par exemple, que la première traduction était : « Par conséquent, vous êtes brillant et facile à vivre ». Ce que Tohei Sensei a dit en fait, c’est « Une posture dans laquelle vous êtes positif et acceptez toutes choses ». Eh bien, je suppose que si vous êtes positif et que vous pouvez tout accepter, vous êtes probablement « brillant et facile à vivre », donc ce n’est pas vraiment incorrect de dire cela. Mais ce n’est tout simplement pas ce que Tohei Sensei a dit. Je trouve toujours inspirant de reprendre la version originale en Japonais et d’en retravailler la traduction. 

Être « positif et accepter toutes choses » fait référence à l’état d’esprit que nous avons lorsque nous rencontrons notre amoureux que nous n’avons pas vu depuis longtemps, lorsqu’on nous offre un bon repas alors que nous avons faim, ou simplement entouré de notre famille et de nos amis lorsque tout le monde est heureux et tranquille. C’est cela « l’Extension du Ki ». Cependant, lorsque nous disons « positif et acceptant toutes choses », nous faisons également allusion aux occasions où nous sommes mis au défi par des choses désagréables, peut-être même les paroles ou les actions insultantes ou agressives d’une autre personne. Quelle que soit la nature de ce qui se présente dans notre vie, positive ou négative, l’Extension du Ki signifie y faire face avec équanimité et grâce.

De cette façon, tous les aspects dont nous faisons l’expérience dans la vie sont appréciés et valorisés. Loin d’être limité à quelque chose qui se passe uniquement dans un dojo d’Aïkido, nous pouvons voir que « le Ki s’étend infiniment dans toutes les directions » est clairement un état d’esprit de gratitude et d’appréciation. La partie « Extension du Ki » lorsqu’un bon repas nous est offert alors que nous avons faim a à voir avec l’appréciation pour ce repas, pas seulement avec le plaisir personnel. La partie « Extension du Ki » dans le cas d’une remarque insultante qui nous serait faite est aussi l’expression d’une gratitude et d’une reconnaissance pour ce défi, car sans ce côté du spectre des circonstances de la vie, nous ne pourrions jamais grandir et nous développer. L’extension du Ki est un état d’être inclusif.

Tohei Sensei nous donne ces cinq principes pour, essentiellement, aider à la fois notre compréhension cognitive et notre compréhension expérientielle. 

Une chose importante à comprendre au sujet de l’Extension du Ki est qu’il s’agit d’un sentiment ou d’une expérience tout à fait naturelle, et non de quelque chose que nous devons fabriquer. Notre habitude de tenter de forcer des actions et des changements en réaction à des événements positifs ou négatifs est ce qui nous empêche de percevoir et d’apprécier cette condition naturelle. Nous sommes souvent si distraits par nos réactions subconscientes aux événements que nous oublions le grand soulagement que procure le repos dans notre champ de conscience naturel. Par exemple, lorsque nous sommes dans le dojo, il y a les sons, les odeurs, la sensation de texture, et il y a la couleur et la luminosité. Tout cela est le Ki de l’Univers. En sommes-nous conscients au milieu d’une technique, ou notre attention est-elle réduite à ce que nous pensons et faisons en réponse à notre partenaire ? Être conscient et apprécier tous les aspects de la vie, c’est être dans ce flux constant d’Extension du Ki. Nous n’avons pas besoin d’obtenir plus de Ki, mais seulement d’en devenir plus conscients, car il nous entoure et nous infuse. 

« Une posture dans laquelle la force centrifuge agit ». La force centrifuge, bien sûr, est la force à laquelle est soumis un corps qui tourne, provoquant une chute énergétique en s’éloignant du centre. La force centripète, quant à elle, est la force qui s’oppose à la force centrifuge. Nous l’appelons par exemple la gravité dans le cas d’un corps en orbite. L’équilibre de ces deux forces nous procure un sentiment de confort et d’harmonie lorsque nous nous déplaçons sur la surface de la planète. 

Plus notre mouvement est intense, plus nous devons être conscients des effets de la force centrifuge et l’utiliser. Lorsque nous évoluons dans les techniques d’Aïkido, les élèves les plus expérimentés montrent une maîtrise de la force centrifuge dans leurs mouvements. En d’autres termes, ils ne sont pas distraits ou déséquilibrés par le phénomène de la force centrifuge lorsqu’ils se tordent, tournent, voire tournent rapidement. Il y a une certaine grâce et douceur dans leurs mouvements, ce qui montre qu’ils ont maîtrisé le phénomène de la force centrifuge. Cela ne signifie pas toujours se déplacer très rapidement. O-Sensei aimait souvent dire « lent mais rapide », indiquant que ce n’est pas la vitesse d’un mouvement qui lui confère sa puissance, mais la conscience et l’utilisation de ces forces naturelles par le participant. Cela reste vrai même en vieillissant, même si nous bougeons plus lentement. 

« Une posture avec des yeux miséricordieux et un visage aimable ». Pouvez-vous s’il vous plaît faire ce genre de visage pour moi ? Pouvez-vous me montrer des yeux miséricordieux et un visage aimable ? Pouvez-vous rendre vos yeux miséricordieux et votre visage aimable ? Non, ce n’est pas possible. La miséricorde et la bonté ne sont pas un phénomène du visage, même si elles peuvent apparaître sur le visage. Notre visage ne peut que montrer ce que nous ressentons. C’est pourquoi nous sommes déçus lorsque nous voyons quelqu’un qui ne fait que représenter un sentiment sur son visage, sans le ressentir réellement. En revanche, lorsque nous avons un sentiment naturel de bienveillance à l’égard de ceux qui nous entourent, nous aurons automatiquement un visage aimable, et nos yeux seront plus solidaires, plus doux et plus miséricordieux. 

« Une posture qui est calme ». Un esprit qui est paisible, un esprit qui est calme, est un esprit tranquille. Cet esprit est calme même dans le conflit, même dans un engagement rapide, et donc même au milieu d’une technique d’Aïkido, ce corps est calme. Un corps calme signifie également qu’il n’y a pas de mouvement étranger. Cette tranquillité produit un mouvement qui est très simple et direct, très basique. Rien d’extra.

Cette simplicité exige une connexion directe avec notre partenaire, et une fois que cette connexion est établie, tout se met en place naturellement. Suzuki Sensei aimait utiliser l’expression « tsuki ganai shisei ». Cela signifie « une posture sans ouverture ». Cela décrit un calme mental, et non une sorte de position visant à empêcher quelqu’un de nous attaquer, comme on le voit tellement dans les arts martiaux. Lorsque nous adoptons ce genre de position ou que nous tenons nos mains raides, comme gelées, pour tenter de montrer que nous sommes prêts, il s’agit en fait de nervosité et non de tranquillité.  Cette façon de « montrer qu’on est prêt » fournit en fait une cible et une ouverture facile pour que notre partenaire attaque, et c’est donc le contraire de « tsuki ganai shisei ».

Quoi que nous fassions pour avoir l’air calme ou tranquille, paisible ou non perturbé, toutes ces choses ne font en fait que remplir notre mouvement corps-esprit d’un encombrement inutile. C’est un état naturel, qui est le contraire de faire quelque chose, c’est un état de « ne rien faire ». Cela ne signifie pas « ne faites rien ». Cela signifie « ne rien faire ».

Un jour, lors d’un cours au Quartier Général au Japon, quelqu’un a demandé à Tohei Sensei un exemple d’Extension du Ki. Sans réfléchir, il a dit : « Regardez Suzuki Sensei lorsqu’il entre dans une pièce.  Il illumine la pièce ! »  Trop souvent, même les Aïkidoka expérimentés semblent faire des efforts pour maintenir une présence « cool ».  Cela nécessite en fait de se fermer aux autres dans la pièce, de ne pas se connecter avec eux et indique une personne obsédée par elle-même. C’est exactement le contraire du message que la plupart d’entre nous aimeraient communiquer aux autres. Suzuki Sensei saluait toujours joyeusement tout le monde, serrant la main, s’inclinant, selon ce qui était approprié, mais toujours de manière ouverte et amicale.  

Merci beaucoup.