Les cinq principes de la Respiration Ki

Onegaishimasu. Permettez moi de commencer avec la lecture du Shokushu n15, « la Respiration Ki ».

« Le souffle de l’expiration se propage dans toutes les directions, atteignant tout dans l’univers et toute l’humanité. Lors de l’inspiration le souffle tombe dans un espace infiniment petit dans la région du bas de l’abdomen. La Respiration Ki est la pratique ignorée qui nous amène à faire un avec l’univers.

Si vous faites cela seul, la nuit, lorsque l’univers est calme et tranquille, vous vous demanderez si vous êtes l’univers ou si l’univers est vous. En d’autres termes, vous ferez l’expérience de la joie ultime d’être un avec l’univers. L’énergie vitale d’un être humain est à ce moment pleinement active ».

Merci à tous d’être là. Pour certains d’entre vous il est six heures du soir, et pour d’autres, il est cinq heures du matin. Et pour d’autres encore, je pense qu’il est à peu près le milieu de la nuit. J’apprécie vraiment que vous assistiez à ce cours. 

Si c’est la première fois que vous suivez ce cours en-ligne, je devrais commencer par dire qu’à Maui Ki Aikido, mon élève Sayaka Reasoner et moi-même avons pris le temps de traduire et de rééditer une grande partie des principes d’enseignement de Koichi Tohei Sensei. Ces principes ont d’abord été traduits peu après le début de sa visite à Hawaï, en 1953. C’était l’introduction de l’Aikido en Occident. Ces premières traductions, avec lesquelles nous sommes tous devenus familiers, ont souvent pris des libertés qui bien qu’elles aient été clairement destinées à aider les étudiants n’en n’étaient pas moins des ajouts à l’enseignement de Koichi Tohei Sensei. Ces ajouts peuvent souvent être trompeurs.

Par exemple, voici la traduction originale des Cinq Principes de la Respiration Ki :

  1. Expirez progressivement avec détermination et contrôle.
  2. Expirez avec un son distinct mais à peine audible.
  3. À la fin, le souffle de la respiration continue à l’infini, comme une note qui s’estompe.
  4. Inspirez par le bout du nez jusqu’à ce que le corps soit saturé de ce souffle.
  5. Après avoir inspiré, calmez l’esprit à l’infini au niveau de votre Point Unique.

Cela peut nous sembler correct parce que nous l’avons entendu si souvent, mais ce n’est pas exactement ce que Tohei Sensei a écrit. Voici les cinq principes de la Respiration Ki, tels que nous les avons traduits en partant de ses mots originaux :

  1. Expirez progressivement avec aisance.
  2. Expirez avec le plus petit son possible.
  3. Expirez progressivement de la tête aux orteils.
  4. Inspirez par le bout du nez et emplissez votre corps des orteils jusqu’à la tête
  5. Après l’inspiration, calmez-vous au niveau de votre Point Unique dans le bas de l’abdomen.

« Expirez progressivement avec aisance. » Une chose qui me frappe vraiment dans la comparaison entre ces deux traductions, c’est que les mots originaux de Tohei Sensei étaient plus simples et d’un soutien direct. C’est une contribution importante à la pratique de la Respiration Ki. Comme pour beaucoup de choses dans notre vie, nous faisons souvent de la Respiration Ki une tâche difficile. Par exemple, regardez la différence entre expirer avec « détermination et contrôle » et expirer avec « aisance ». Si nous avions eu cette traduction correcte au début de notre pratique de la Respiration Ki, nous aurions peut-être eu une vision très différente de l’expiration ! Recevoir l’ordre de faire quelque chose avec « détermination et contrôle » à cinq heures du matin n’est tout simplement pas la même chose que de se sentir invité à apprécier quelque chose comme « expirer avec aisance ». 

Tohei Sensei a voulu que ces cinq principes invitent et encouragent cette pratique, et non pas qu’ils créent une contrainte supplémentaire dans nos vies. Tohei Sensei et mon professeur à Maui, Shinichi Suzuki Sensei, ont toujours parlé de la joie de cet exercice, jamais de sa difficulté.

Cela me rappelle que la célèbre phrase de Suzuki Sensei était toujours « respire, respire, respire ». Quand il disait cela, il disait « profitez, profitez, profitez », et non « travaillez, travaillez, travaillez ». Il ne nous demandait pas de nous charger d’un lourd fardeau, mais d’apprendre à apprécier et à célébrer l’aspect le plus important de la vie : la respiration.

Lorsque je faisais office d’otomo pour Suzuki Sensei, nous voyagions souvent ensemble dans diverses régions du monde où il donnait des séminaires. À l’époque, nous logions toujours dans la même chambre d’hôtel, car les finances ne permettaient jamais de faire autrement. Le matin, nous nous levions tôt, bien sûr. Il commençait sa pratique respiratoire assis de l’autre côté de son lit, dos à la pièce, et je m’asseyais par terre de l’autre côté de mon lit, face à lui. De cette façon, nous commencions à respirer ensemble. Après la première heure, il se levait et étirait ses bras. Puis, soit il disait : « OK Chris, c’est l’heure du petit-déjeuner », soit il se rasseyait, et nous respirions ensemble pendant une deuxième heure Nous n’avons jamais respiré par tranches inférieures à une heure. 

Habituellement, cela ne durait pas plus de deux heures. Mais à l’occasion, c’était trois heures. Et dans certaines occasions spéciales, cela durait quatre heures. Je vous le dis parce que c’est ainsi que j’ai appris à vraiment apprécier la Respiration Ki. Si tu fais de la Respiration Ki avec ton professeur, et que tu dois t’asseoir pendant quatre heures et respirer avec lui, et que tu n’aimes pas la Respiration Ki ou que c’est difficile pour toi parce que tu as du mal, alors tu ne seras certainement pas capable de continuer. 

Dans le Shokushu, Tohei Sensei dit que dans la Respiration Ki, nous allons « faire l’expérience de la joie ultime d’être un avec l’univers ». Au début, j’ai eu des difficultés. Mais j’ai appris, et après tout ce temps, quand je repense à ces heures, je vois que Suzuki Sensei m’enseignait vraiment cette même chose ; il fallait simplement arrêter de « faire des efforts » et apprendre à apprécier les niveaux les plus profonds de la Respiration Ki. 

Pourquoi nous entrainons-nous à respirer ? La respiration est la clé de la vie. Nous ne pouvons nous priver de respirer pendant quatre ou cinq minutes et rester en vie. Et ce qui est peut-être encore plus important, c’est que notre respiration est directement liée à notre état d’esprit. Lorsque notre respiration est profonde et calme, nous nous sentons profonds et calmes. Lorsque nous sommes ainsi, nous avons accès aux aspects les plus profonds de l’esprit.

Ce premier principe consistant à expirer « progressivement avec aisance » est essentiel pour pouvoir profiter calmement de la Respiration Ki.

Le deuxième principe nous invite à expirer « avec le plus petit son possible ». Je soupçonne qu’à l’origine, comme moi, on vous a appris à faire un bruit lorsque vous expirez. Pas vrai ? Peut-être même un bruit fort. Les « vieux de la vieille » le savent tous. Tohei Sensei nous a clairement demandé d’expirer avec le plus petit bruit possible. Cependant, quelqu’un a ajouté à ce deuxième principe le mot « distinct ». Cela peut expliquer pourquoi l’expiration a été enseignée si différemment pendant tant d’années. Quoi qu’il en soit, ceux d’entre nous qui appartiennent à la deuxième génération ont tous lutté pendant des années, pensant qu’ils devaient forcer un son d’expiration fort pour pratiquer correctement la Respiration Ki. Aujourd’hui, tout le monde apprend ouvertement à expirer avec le plus petit son possible. C’est, à tout le moins, une évolution.

Lorsque je pratique la Respiration Ki, si vous êtes assis à proximité, vous pouvez entendre quelque chose. Je peux entendre le son de ma propre expiration, mais à peine. C’est le plus petit son possible pour moi. En même temps, cela signifie que nous le faisons avec le moins de force possible, le plus de détente possible, et le plus de calme possible. 

« Expirez progressivement de la tête aux orteils ». La troisième instruction nous demande d’expirer progressivement en vidant le corps comme si on tirait de l’eau d’un puits, le niveau baissant jusqu’à ce qu’on soit vide de souffle.

« Inspirez par le bout du nez et emplissez votre corps des orteils jusqu’à la tête ». La quatrième instruction fait écho à la troisième mais fait référence au processus d’inspiration comme le remplissage d’un récipient avec un liquide.

Koichi Tohei Sensei a enseigné trois niveaux de Respiration Ki. Ces deux principes décrivent l’inspiration et l’expiration du point de vue du premier niveau de la Respiration Ki, que nous appelons « Respiration de tout le corps ». C’est la description du niveau initial de la respiration, dans lequel nous inspirons et remplissons notre corps de la pointe des orteils au sommet de la tête. Et lorsque nous expirons, nous expirons du sommet de notre tête à la pointe de nos orteils, vidant notre corps comme s’il s’agissait d’un seul grand poumon. 

Le deuxième niveau de la Respiration Ki est appelé « Respiration Universelle ». Lorsque nous passons à la Respiration Universelle, elle ressemble davantage à la Méditation Ki, dans la mesure où nous expirons vers l’univers entier et ses parties les plus extrêmes, et vers toute l’humanité. C’est similaire au « kakudaiho » (expansion) de la Méditation Ki. Ensuite, lorsque nous inspirons, nous emmenons tout l’univers et toute l’humanité dans l’infiniment petit Point Unique situé dans le bas-ventre. Ceci est similaire à « shuchuho » (contraction) dans la Méditation Ki. Là encore, il s’agit d’une Respiration Universelle. 

Le cinquième principe de la Respiration Ki dit : « Après l’inspiration, calmez-vous au niveau de votre Point Unique dans le bas de l’abdomen ». Il s’agit d’un raffinement visant à intensifier notre capacité d’attention. À mesure que notre capacité d’attention augmente pendant la pratique de la Respiration Ki, notre niveau de calme augmente également. À mesure que notre niveau de calme augmente, nous commençons à voir l’art de la respiration d’une manière nouvelle et complètement différente.

Cela nous amène à la troisième façon d’expérimenter cette pratique. Tohei Sensei l’appelait « Musoku ». « Soku » signifie souffle et « mu » signifie aucun ou vide. Bien sûr, cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de souffle. Si nous n’avons pas de souffle, nous sommes morts. N’essayez donc pas de pratiquer cela. « Pas de respiration » ou « pas de souffle » signifie « personne ne respire ». En termes simples, cela signifie que la Respiration Ki, presque silencieuse et totalement calme, se poursuit, mais qu’il n’y a pas un individu dissocié en train de montrer l’acte de respirer. La conscience est là, mais personne ne conduit la respiration. Il n’y a pas de « faiseur » dans le corps et l’esprit. La respiration se produit simplement.

Cette expérience est celle de l’être direct. C’est vivre notre vie directement et complètement. Il se peut que cela ne se produise pas pour la plupart des étudiants dans la vie courante. Mais, souvent, cela peut se produire dans quelque chose comme la Respiration Ki. Et une fois que musoku commence à apparaître, alors cette façon d’être devient plus familière. Je veux dire que cette façon de vivre, cette façon de voir le monde et d’interagir avec le monde en « ne faisant rien », nous devient plus familière. Nous en faisons l’expérience comme si nous étions habités par l’univers, et c’est finalement ce que Tohei Sensei nous a enseigné depuis le début.

Il y a un autre point important à souligner concernant la pratique de la Respiration Ki. Ce n’est pas mentionné dans les cinq principes de la Respiration Ki, mais c’est un aspect essentiel de l’enseignement de Tohei Sensei à ce sujet. Un jour, alors que Tohei Sensei donnait un séminaire pour les instructeurs en chef, il nous a dit : « Vous imaginez que la partie importante de la Respiration Ki est l’inspiration et l’expiration. Mais ce n’est pas le cas. La partie la plus importante de la pratique de la Respiration Ki est ce qui se passe entre l’inspiration et l’expiration, et vice versa. Lorsque nous avons terminé l’expiration, nous ne coupons pas simplement le souffle, mais même lorsqu’il n’y a plus de souffle, nous continuons à étendre notre Ki jusqu’aux confins de l’univers en comptant ‘un, deux, trois’. De la même manière, une fois que nous avons terminé notre inspiration, nous faisons une pause en comptant jusqu’à trois, et nous continuons à étendre notre Ki à l’infini vers notre Point Unique. Vous devez vous assurer que c’est bien comme cela que vous menez votre Respiration Ki.

Ok, donc si vous avez une question ou un commentaire, veuillez simplement lever la main. 

Étudiant : Je peux vous dire que j’aime la Respiration kK. Et pourtant je lutte avec elle. Je lutte contre les tensions dans le corps. 

Quand il y a une tension dans notre corps, la tension est inconfortable. Il y a un malaise dans de nombreuses parties de notre corps, qui rend difficile le fait de respirer de manière calme. Cela met en marche un cycle malencontreux dans notre corps. Plus nous sommes tendus, plus nous voulons faire de la respiration pour être plus calme. Or, si nous sommes tendus notre attention sera accaparée, et ne sera pas capable de nous permettre une pratique simple de la Respiration Ki, ce qui nous empêchera d’être suffisamment calme, nous rendra plus anxieux et créera davantage de tension, nous amenant à faire encore plus d’efforts. La réponse à cette question est, bien sûr, il faut pratiquer, pratiquer, pratiquer. 

Lorsque j’ai rencontré Suzuki Sensei pour la première fois, j’ai été très impressionné. Je lui ai demandé s’il était né comme ça ou s’il y avait un exercice que je pouvais faire pour devenir comme lui. Il m’a répondu : « Si tu veux être comme ça, tu dois respirer une heure chaque matin à partir de maintenant. » Malheureusement, cela m’était impossible à ce moment du fait des tensions que je faisais naitre dans mon corps en m’essayant à ce que je croyais être la Respiration Ki. Il m’a fallu près d’un an pour apprendre à faire de la Respiration Ki régulièrement pendant une heure, ce que de toutes façons je faisais encore de manière incorrecte. Il m’a fallu encore de nombreuses années avant de progressivement pouvoir expirer avec aisance et d’apprécier réellement la respiration. 

Bien sûr, comme pour tout le reste, il faut de la discipline au début. Même lorsque la respiration ne se déroule pas exactement comme nous l’attendons ou comme nous le souhaitons, nous devons continuer malgré tout. Si nous nous dévouons de cette manière, à un moment donné, le changement commence à se produire. Et plus notre expérience s’approfondit, plus nous tombons amoureux de cette pratique. Et alors, ce n’est pas seulement la respiration, bien sûr. Je veux dire, maintenant vous êtes devenu amoureux de ce processus d’assise profonde et confortable. Et quand c’est comme ça, alors la respiration devient comme un puissant soufflet de l’univers, qui nous alimente et nous emmène de plus en plus profondément vers ce grand sentiment de simplicité et de satisfaction que Tohei Sensei appelait « la joie ultime de ne faire qu’un avec l’univers ».

Étudiant : Merci beaucoup. Je voulais vous demander si vous pouvez nous parler de la transition de la Respiration Universelle à Musoku. Que ressentez-vous à ce moment-là ?

Ok, c’est une question difficile. Bien sûr, je ne peux parler que de ma propre expérience. Lorsque je pratique la Respiration Universelle, j’ai un sens très précis de moi-même dans ce lieu, par rapport à l’univers qui est là, j’ai le sentiment d’être au centre infiniment petit de cet espace infiniment grand. J’ai le sentiment très net d’être la cause centrale de ce qui se passe. A ce moment je respire avec détermination. Bien sûr, cela n’est qu’un peu plus avancé que la Respiration de tout le corps car c’est encore le paradigme sujet/objet qui domine. Avec la Respiration Universelle subsiste le sentiment d’une séparation entre moi et l’universel. À ce stade, je suis toujours celui qui inspire et expire. Et puis, soudainement, il y a un changement, et c’est comme si rien n’avait changé et qu’en même temps il n’y ait plus une action de qui que ce soit.

Cela n’arrive pas tout le temps, mais quand cela arrive, je ne l’ai pas provoqué. Cela arrive, tout simplement. Je dirai qu’il y a un calme profond éternel, sinon ça n’arrive pas. Et il y a une sorte de conscience expansive de tout partout, et pas de moi, en moi, en tant que sujet. Il y a toujours un centre au Point Unique et il y a toujours une sphère infinie, l’infini et le fait d’être inclu. Mais il n’y a pas de sentiment de séparation entre tout cela. 

Lorsque Musoku survient, c’est toujours avec des sentiments de crainte et d’émerveillement. Il y a peut-être de l’émotion quand j’en parle. Mais ce n’est pas nécessairement le cas lorsque cela se produit. 

Je ne peux pas imaginer ne pas avoir ce genre de pratique, ne pas avoir ce genre d’expérience dans ma vie. Les gens n’ont pas l’habitude de me poser des questions à ce sujet, alors merci.

Étudiant : Avec la Respiration Ki, je m’endors souvent. 

Oh, bien. C’est bien.

Etudiant : C’est bien ? Sensei, j’essaie de rester éveillé pour continuer à respirer, mais bon… je n’arrive pas à bien me concentrer.

Eh bien, si vous êtes fatigué, vous devriez peut-être dormir. Je suppose que vous respirez tard le soir au lieu de tôt le matin, oui ?

Étudiant : Oui.

Une des raisons pour lesquelles la première chose que je fais le matin est de méditer ou de respirer, c’est que c’est à ce moment que je risque le moins de m’endormir. Après huit heures du soir, je m’endors tout de suite. C’est merveilleux. Mais ce n’est pas très propice à l’attention consciente, qui est le but même de cette pratique. C’est pourquoi je recommande toujours de le faire le matin. Plus on vieillit, plus il est naturel de s’endormir quand on est à l’aise. 

Étudiant : Merci, Sensei. Ok.

Etudiant : Vous m’avez vu lutter avec la Respiration Ki pendant des années. Et, vous le savez, j’ai des problèmes avec mes poumons parce que j’ai subi une opération. Et la Respiration Ki me provoque des douleurs dans les poumons. Et je n’ai jamais réussi à détendre mes poumons. Sauf, vous le savez aussi, lors de quelques moments, quand vous m’avez guidé, où j’ai pu respirer avec facilité. Mais quand j’essaie de le faire par moi-même, c’est comme si je ne pouvais qu’avoir mal.

Oui, c’est ce que vous me dites souvent. Mais j’ai aussi vécu avec vous, comme vous le dites, des moments où vous aimez respirer, et où vos poumons ne vous gênent pas du tout. Je pense que vous voulez savoir quelle est la grande différence entre ces deux cas de figure ? Il serait facile de dire que dans un cas vous avez mal, et pas dans l’autre, ce qui est vrai. Mais je pense que vous voulez plus. 

Vous avez l’habitude de bouger beaucoup lorsque vous pratiquez la Respiration Ki. De l’extérieur il se dégage comme une sorte de dureté, une lutte obstinée dans votre corps, jusqu’à pousser sur vos cuisses avec vos mains pour que vos épaules se relèvent. Cela crée, bien sûr, une énorme tension dans votre poitrine et vos épaules, autour de vos poumons. Cela semble incroyablement inconfortable. Et lorsque je vous arrête et vous encourage à vous asseoir droit et à porter votre attention sur la facilité de l’inspiration et de l’expiration, vous semblez être capable de le faire très bien. 

Cependant, lorsque je vous revois la fois suivante, vous êtes de nouveau dans cette lutte. Nous voyons donc que c’est une chose profonde chez vous. Vous êtes convaincu que cela va faire mal et donc naturellement vous résistez, et bien sûr, cela fait mal ! Et peut-être même que cela endommage vos poumons. Comme une prophétie auto-réalisatrice, il se passe exactement ce que vous pensiez qu’il se passerait. Alors que si je suis avec vous, vous me faites suffisamment confiance pour que nous puissions respirer ensemble et alors c’est une expérience complètement différente. Vous voyez ? C’est quelque chose dont il faut être conscient et qu’il faut noter quand cela arrive. La peur de la douleur n’est pas nécessaire.

Étudiant : Merci Sensei.

Étudiant : Dans le livre de Tohei Sensei intitulé « Le Ki dans la vie quotidienne », il y a une photo avec une ligne horizontale traversant la tête à partir du nez. Cela représente l’inspiration depuis le nez. Est-ce toujours exact ?

Bon, j’ai deux ou trois choses à dire à ce sujet. Premièrement, nous respirons effectivement par le nez, mais nous imaginons qu’ensuite le souffle entre et descend le long de notre colonne vertébrale jusqu’au Point Unique dans le bas de l’abdomen, puis, comme il le dit, nous remplit « jusqu’au bout des orteils ».

Deuxièmement, j’ai un jour demandé à Koichi Tohei Sensei quelque chose à propos de son livre sur la Respiration Ki. Il m’a répondu : « Oh, Curtis san, ne lisez plus ce livre. Les choses ont changé depuis. C’est le problème quand on écrit des livres. Ils n’autorisent pas le changement. »

Et bien des années plus tard, le changement continue. J’étais avec Shinichi Tohei Sensei dans l’Oregon au début des années 2000. Il faisait une présentation informelle, et il a dit : « Les principes fondamentaux de Koichi Tohei Sensei ne changeront jamais. Ils seront toujours les mêmes et seront toujours honorés. Cependant, la méthode d’enseignement et de transmission de ces principes changera. » J’ai remarqué que parfois le changement est tel qu’il n’est pas possible de voir le lien avec l’ancienne façon, sans toutefois que le principe de base ne change.

C’est important de s’en souvenir, pour nous tous. Tous ceux qui donnent cours en font l’expérience dans leur propre pratique et enseignement. Puis vos professeurs mourront à un moment donné, et vous continuerez à changer et à vous développer jusqu’à ce que la façon dont vous partagez cet enseignement avec d’autres personnes évolue encore plus. Cependant, nous devons faire de notre mieux pour ne jamais laisser se perdre l’essentiel de cet enseignement. C’est pourquoi l’étude approfondie des principes de Koichi Tohei Sensei est une partie si importante de notre pratique.

Ok, merci beaucoup de vous être joints à moi. Je dois dire au revoir à tout le monde. Merci beaucoup de vous être joints à nous. Domo arigato gozaimasu.